Kadebostany

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Vendredi 11 novembre 2013, 18h06, à la terrasse du Café Charbon. Nous sirotons une pinte dans le froid. Je n’ai encore rien dit à Skimy, mais en réalité je n’ai pas d’horaire pour une éventuelle interview, simplement la confirmation qu’il est possible de faire des photos lors du concert ; mais inutile qu’il s’inquiète. Je lui ai proposé de m’accompagner pour mener l’interview et m’assister lors de la prise de vue, et suis soulagé quand je reçois l’email de l’attaché de presse du président de la Kadebostany : il me confirme que nous pourrons le rencontrer avant le concert.

Mais revenons au début. Tout commence avec le clip Walking with a Ghost, qui stimule nos rétines et rencontre un petit succès au sein de l’équipe de l’atelier Oz. Avec une petite question : mais comment font-ils clignoter des néons ? Ah non, ce sont des Leds… Puis sort le deuxième clip, Jolan, et l’annonce d’une tournée diplomatique. Il n’en fallait pas plus pour que nous décidions de rencontrer en personne ce président auto-proclamé de la Kadebostany. Sur scène, Kadebostan est aux claviers et drums  et Amina au chant, soutenus par leur orchestre composé de deux cuivres et d’une guitare électrique.

Au fait, la Kadebostany est une république au nord de l’Italie, à l’est de la Suisse et à l’ouest de la Turquie…

Oz — C’est un peu confus pour moi, quel est le système politique de la Kadebostany ?

Kadebostan — J’en suis le président auto-proclamé.

Oz — A la fois un leader, un représentant et un moustachu ?

Kadebostan — La moustache, c’est un choix esthétique que j’ai fait il y a 10 ans, et petit à petit c’est devenu la mode. Mais ça fait des années que je la porte ! Ça ne me viendrait pas à l’idée de me présenter sans moustache.

Amina — Tu te sentirais un peu nu.

Kadebostan — Je me sentirais mal. La moustache, c’est quelque chose que tu entretiens, c’est une partie de moi-même.

Oz — Amina, tu es la voix du groupe, donc nous n’avons pas affaire à un dictateur éclairé, mais à une double dictature ?

Amina — Tu sous-entends que j’ai du pouvoir aussi ? C’est mal connaître le président. Moi, j’ai du pouvoir sur scène ! Pour l’instant je ne suis pas aux commandes du pays… le président est le seul président démocrate éclairé Kadebostanien.

Oz — Vous représentez votre beau pays à travers le monde : Mexique, Allemagne, Hollande, Belgique, Suisse…

Kadebostan — Pologne, Grèce, Turquie, France…

Oz —Votre passeport doit être dans un état monstrueux avec tous ces gens qui le tripotent ?

Kadebostan — ça va, il s’en sort bien. D’ailleurs on propose à vos lecteurs ne nous rejoindre sur facebook.com/Kadebostany, de liker la page, et ça vous donne un accès privilégié à la nationalité Kadebostanienne. Vous pourrez recevoir notre passeport, ce qui vous permet de faire le tour du monde et de traverser n’importe quel pays sans visa : on permet au gens de s’évader, de voyager.

Oz — Vous avez des vues sur un siège à l’ONU, on se demande un peu quelles seront vos propositions. Vos textes parlent de spleen, d’amour, mais pas de politique. C’est pour éviter de froisser les pays que vous visitez ?

Amina — Nous n’avons pas besoin de parler politique pour que ça se passe bien. Le premier angle d’attaque en Kadebostany, c’est la culture, c’est la musique. D’ailleurs, sur le billet il est marqué « Research & Discovery ». En ayant maintenu la culture au centre de tout, le pays se porte à merveille, c’est cela qu’on va prôner à l’ONU.

Kadebostan — L’objectif lors de la création de la République de la Kadebostany, c’était l’art, et en particulier la musique. Nous avons une certaine esthétique, et aimons mettre en avant les plus dignes représentants de notre pays. Comme dans Walking with a Ghost ou Jolan.

Oz — Vous avez un ministère de la communication, Supermafia, collectif d’artistes, son et lumière.

Kadebostan — Nous avons une collaboration avec eux, ils s’occupent de la partie visuelle. Ils sont de Neuchâtel, en Suisse.

Oz — Supermafia a travaillé sur votre spectacle ?

Kadebostan — L’impulsion vient de nous et on aime bien s’entourer de gens talentueux qui ont envie d’œuvrer pour la république de Kadebostany, qui ont envie de contribuer à la richesse Kadebostanienne. Nous on croit dans les mélanges et on est complètement ouverts aux impulsions extérieures.

Oz — Ça ressemble un peu à de la langue de bois, non ? Parlez-moi de votre implication artistique dans vos clips.

Kadebostan — On est à la base, on est omniprésent sur tout ce que vous voyez et sur ce que vous entendez de la république de Kadebostany. De A à Z. On aime l’idée d’avoir un produit beau, exubérant. Mais on travaille de manière artisanale. On croit vraiment là-dedans. On travaille beaucoup, on a un rythme effréné. On aime faire travailler des gens qui, à priori, ne travailleraient pas ensembles. Là, sur la tournée, on est dix sur la route, de 20 à 50 ans, et c’est une vraie richesse. Souvent on nous dit que notre musique est fédératrice et qu’elle touche un public super large, c’est très flatteur. Ce n’est pas une fin en soi mais on aime prendre chez les plus jeunes, chez les plus vieux, on se sent plus fort avec toutes ces influences, toutes ces inputs.

Oz — Au bout du compte, on fait énormément de parallèles avec d’autres groupes, d’autres styles de musiques, pour finalement vous ranger dans la grande famille de l’électronique Pop.

Kadebostan — Nous, on s’en fout. On est conscient que les gens ont besoin de ranger des disques dans des bacs. Mais si tu viens à l’un de nos concerts, tu peux voire un gars de 15 ans s’éclater avec un de 60. Nous jouons une musique qui touche pleins de gens, qui les réunit plutôt que de faire des cases. On n’a pas de type musical, on est tout le contraire de ça. Nous sommes ouvert, on aime mélanger les gens.

Oz — Votre groupe aussi est un mélange de nationalités ?

Amina — On est tous exilés en Kadebostany ! Du Liban, de Suisse, de France, nous sommes d’origines différentes.

Oz —Ce sont vos inspirations musicales ?

Kadebostan — Ce n’est pas aussi simple que ça ; ce n’est pas parce que tu viens du Liban que tu vas jouer de la musique libanaise. On essaye d’être le plus subtil possible. On a envie de laisser la place, de laisser les choses se faire naturellement, il n’y a pas un plan qu’on déroule, avec tout écrit à l’avance. Nous sommes un groupe qui aime être ensemble, nous aimons développer des choses ensembles. Quand tu écoutes un album ou quand tu vois un show de Kadebostany, c’est la partie émergée de l’iceberg, mais derrière il y a une grande famille, quelque chose de fort qui se passe, on en est tous hyper fiers. Il n’y a pas de plan marketing. On ne fait pas de musique expérimentale, même si on aime ça. Quand on fait un album, ça sort de nos tripes et on est content quand ça fédère, quand on te renvoie une énergie, des feed-back. On reçoit des mails de gens qui nous disent « Je ne connaissais pas votre musique, je ne saurais pas comment la classer, mais ça m’a fait du bien de l’écouter ! » La finalité de la république de Kadebostany c’est de faire du bien aux gens. De donner du plaisir aux gens.

Oz —Et ce soir au Nouveau Casino, vous faites plaisir à combien de citoyens ?

Kadebostan — On est complet, on va donner du plaisir à 300 personnes !

 

Le OFF :

Yohann — J’ai cru comprendre qu’ils préparent une version vinyle, chic chic chic…

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Nous nous sommes fait soudoyer par Kadebostan, avec de beaux billets et deux CD. J’offrirai le mien (je l’ai déjà) à l’un des lecteurs qui likera cette page. Tirage au sort dans 15 jours.

Nous expédions l’instant photo en moins de 5 minutes – pas besoin de chercher, j’ai déjà en tête les 3 plans que je souhaite – et filons au bar commander une deuxième tournée de pintes. Puis comme le concert commence j’opte pour les shots de vodka, afin de ne pas m’encombrer les mains. J’ai des photos à faire.

Skimy — Le Nouveau Casino est une petite salle comme je les aime, super déco, et qui reste intimiste. En première partie Edward Barrow, costume et nœud papillon noirs mats, chemise noire à strass. Les yeux cernés comme son chant. Il chante son Black Tree. J’ai envie de danser un slow avec ma voisine, mais c’est un gros hipster à chemise à carreaux, et je suis timide. La salle se remplit peut à peu, et les habitués arriveront juste avant le début de la seconde partie. Il est 20h50, la technicienne court sous la scène pour brancher des câbles. Des rails de LED s’arriment, des faisceaux s’alignent. Le son décolle. Bienvenue en République de Kadebostany. Les plus jeunes ont à peine 20 ans quand les plus vieux ont plus du double, et ça danse. Un spectacle son et lumière qui accroche et secoue le public. Un, deux, trois rappels, Kadebostan s’excuse de ne pas avoir encore fait de deuxième album, alors ils reprennent une dernière fois Jolan.

 

 

 

Le site officiel : www.kadebostany.com

La chaîne Youtube : www.youtube.com/user/KADEBOSTANY

La boutique : kadebostany.bandcamp.com

Note : Kadebostan a aussi fait un duo avec le groupe biélorusse Rational Diet, il en est sorti l’album The National Fanfare Of Kadebostany et le clip Kazak Rules.

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Cet article à été rédiger le 13 Nov 2013, et est publié dans Concert, Photogrpahie.

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